Histoire de Noël

Date
 28 décembre 2014
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Le 28 décembre, rue du Faubourg saint Antoine, il fait froid, je marche, et sur la distance d’une station de métro je vois que la plupart des recoins offerts par des portes-cochères et des chantiers, sont habités par des familles entières avec des enfants très jeunes, et là aussi des petits emmitouflés qui tètent. C’était Noël il y quelques heures.

Juste après, et comme une exceptionnelle variante du décor de la rue, c’est le long de la façade d’un magasin de surgelés que dorment deux hommes. le froid est là…

 

Facile la classique digression, l’association d’une image à des mots qui font sourire, les journaux en donnent par colonnes entières aux pages dédiées à l’humour. Là, on pourrait dire que seules manquent les étiquettes, ces dernières bien plantées sur le dos de ces deux articles en promotion. Facile, et avec les secondes qui passent elle deviendrait honteuse.

La bouche d’extraction d’un magasin de froid produit du chaud et cela, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui garantit qu’à l’intérieur du magasin, tout est en ordre, surgelé à souhait. Alors le sourire disparaît et il devient possible de voir cette niche apparemment glacée, comme l’expression de la rationalisation du pouvoir probable que ces deux hommes exercent sur le reste des familles alentour. Priorité aux plus forts. L’endroit est luxueux et confortable. L’un des deux hommes se lève et va chercher une cigarette dans le campement voisin, il revient et s’installe de nouveau dans la tiédeur de la ventilation. On en viendrait à le détester cet homme-là, le magasin aussi, la rue toute entière aujourd’hui, la rue  parée de centaines de lumières qui clignotent.

Ma marche reprend. Je n’achèterai pas le journal.

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  1. Nicolas+Morel |

    Ce texte est parfait: il dit l’essentiel en un minimum de phrases, et sans faire de phrases. Continue à marcher, Germinal…

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