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Nous avions il y a quelque temps essayé de trouver en Pichrocole[1] un reliquat de qualités. En effet ce noble agent de notre sécurité prenait des dispositions martiales pour défendre le col de Banyuls-sur-Mer.

Nous avions envisagé, à décharge, sa grande obéissance aux instances supérieures et son attentive écoute de ses proches conseillers. En conséquence de quoi il aurait sauvé cette frontière stratégique, un quasi-sentier, de tous les maux qui peuvent y transiter. Les trafiquants, les terroristes et surtout ces indésirables piétons qui arrivent tous déterminés à mettre la nation en danger.

Et pourtant, comme vous pouvez le voir sur ce reportage, les dispositifs mis en œuvre étaient très bien pensés.

Document (1912) de notre reporter Heinrich Klein prenant sur le vif l’arrestation d’un « go-fast » au col de Banyuls-sur-Mer.

Plus tard, nous avions bien compris que le motif central se superposait avec une période électorale, pendant laquelle il est bon de récolter des votes assis sur les peurs du petit peuple.

On doit reconnaître à notre Pichrocole un franc succès au vu des résultats. Gagné ! des bons points pour la carrière.

Mais les élections étant passées commencent à surgir de vilains commentaires à l’égard de ce parfait policier. Que restait-il de toutes ces glorieuses raisons ?

Notre enquête a dû s’approfondir. Et une simple recherche sur l’origine du nom Pichrocole vient étayer des soupçons qui avaient par-ci par-là été formulés, en particulier dans les bistrots.

Le personnage aurait laissé cours à son tempérament, littéralement défini par « bile amère ».

C’est qu’en grec ancien Pichrocole signifie « piquant » « aigu », « aigre ».

Il faut rappeler que plusieurs fois Pichrocole s’était opposé à la populace locale qui tentait d’ouvrir le col pour redonner vie à ces quelques kilomètres qui irriguent les deux versants. Un véritable affront.

Comme l’étymologie de son nom l’indique, suite à notre sérieuse enquête, Pichrocole aurait donc fait de ces manifestations un point d’honneur, et avalé cette vindicte populaire jusqu’à en avoir un malaise de l’œsophage.

[1] Voir la description des enjeux planétaires que furent les guerres entre Gargantua et Pichrocole décrites par Rabelais